Les entrepreneurs disposent davantage de solutions que les salariés pour structurer leur patrimoine. En plus des produits d’épargne classiques accessibles à tous les investisseurs individuels, les entrepreneurs ont la possibilité de faire fructifier les gains générés par leur société en ayant par exemple recours à une holding.
Dans cet article, nous passons en revue les différentes solutions d’investissement dont disposent les entrepreneurs pour développer leur patrimoine.
Patrimoine personnel et professionnel
Les entrepreneurs dont les activités sont florissantes dégagent des bénéfices importants. Ces bénéfices excèdent largement les besoins nécessaires pour couvrir le train de vie courant des entrepreneurs. Les entrepreneurs se demandent alors comment devenir riche plus rapidement. Pour cela, il faut que les bénéfices soient correctement réinvestis. Les bénéfices peuvent être réinvestis dans l’entreprise, soit pour accroître l’activité existante (on parle de croissance organique), soit pour racheter des concurrents et/ou se lancer sur de nouveaux marchés (on parle alors de croissance externe).
Souvent, l’entrepreneur ne dispose pas de relais de croissance intéressants, et décide tout simplement de se distribuer les bénéfices. En cas de distribution d’un dividende, l’entrepreneur, en tant que personne physique, subira une taxation à hauteur de 30 %. Il s’agit du prélèvement forfaitaire unique (PFU). L’argent passe alors dans le patrimoine personnel et peut être réinvesti via un des nombreux produits d’épargne accessibles aux épargnants individuels. On peut notamment citer l’assurance vie, le plan d’épargne retraite, ou encore le plan d’épargne en actions parmi les enveloppes fiscalement attractives (on en reparle plus bas).
Dans une optique d’investissement à long terme, beaucoup d’entrepreneurs font le choix d’interposer une holding entre leur personne physique et leur société commerciale (la société qui réalise les profits). Les avantages de ce type de montage sont multiples. En optant pour le régime mère-fille, le dividende qui remonte de la société commerciale vers la holding n’est presque pas imposé : une quote-part de seulement 5 % est soumise à l’impôt sur les sociétés. Le frottement fiscal est de l’ordre de 1 %. La holding peut alors réinvestir l’essentiel des dividendes perçus. La capacité d’investissement est donc beaucoup plus importante.
Cela est notamment très intéressant pour les entrepreneurs souhaitant prendre des participations dans d’autres sociétés (private equity) et/ou réaliser des investissements dans le cadre d’une stratégie patrimoniale plus classique. La holding peut chapeauter des sociétés civiles immobilières (SCI), lesquelles permettront de réaliser des investissements immobiliers, avec la possibilité de recourir au levier du crédit.
Un autre avantage fort de la holding intervient au moment de la revente de la société commerciale (la société fille). Cette revente intervient souvent au moment où l’entrepreneur prend sa retraite mais elle peut intervenir beaucoup plus tôt. Si les parts de la société commerciale sont détenues par la holding depuis plus de 3 ans, alors les produits de cession des parts ne sont imposés qu’à hauteur d’une quote part de 12 %. Le gain fiscal est considérable.
Faut-il pour autant loger tous ses actifs dans une holding ?
Comme nous venons de le voir, la holding permet de faire fructifier les bénéfices générés par la société commerciale (société fille de la holding) avec un frottement fiscal minimal. Faut-il pour autant loger tous ses actifs dans la holding ? Il n’est pas simple de répondre à cette question tant les objectifs et la situation de chaque entrepreneur est unique. Nous allons toutefois apporter quelques éclairages.
D’une façon générale, la holding est un dispositif réservé aux entrepreneurs souhaitant investir à long terme. Il n’est d’aucun intérêt de remonter un dividende dans la holding pour le redistribuer directement. Puisqu’au moment de la distribution du dividende à la personne physique, l’impôt à 30 % est incontournable. Et dans le cas où une holding est interposée, il faut encore ajouter environ 1 % d’impôt. Les entrepreneurs ont donc intérêt à segmenter leur patrimoine entre d’un côté des actifs détenus en direct et d’un autre côté des actifs détenus via la holding qui seront investis à long terme.
Le patrimoine détenu en direct permettra de financer les grosses dépenses non courantes de l’entrepreneur (bâteau, beau voyage, etc.). Ce qui n’est pas possible avec le patrimoine professionnel, sans quoi il s’agit d’un abus de droit social. Il sera donc nécessaire de détenir une partie de son patrimoine en direct.
L’intérêt de détenir une partie de ses actifs en direct est renforcé par l’existence en France de plusieurs dispositifs fiscalement très attractifs pour développer son patrimoine. On peut notamment citer le plan d’épargne en actions et l’assurance vie.
Le plan d’épargne en actions (PEA) permet d’investir dans des sociétés européennes. Les versements sur le PEA sont plafonnés à 150 000 euros. Les versements sur le PEA sont plafonnés à 225 000 euros, le PEA-PME permet d’investir sur des PME européennes. Précisons que les plafonds du PEA et du PEA-PME ne s’additionnent pas. Exemple : si l’on verse 200 000 euros sur le PEA-PME, on ne pourra verser que 25 000 euros sur le PEA. Les versements sont plafonnés mais les encours ne le sont pas. L’intérêt de ces 2 dispositifs est que les gains générés au sein du plan ne sont pas fiscalisés aussi longtemps que l’argent reste dans le plan. En cas de retrait après les 5 ans du plan, les plus-values ne sont taxées qu’à hauteur de 17,2 %. Il s’agit d’un taux plus attractif que celui s’appliquant par défaut sur les revenus du capital (30 %).
Un autre dispositif très populaire pour développer son patrimoine est l’assurance vie. Les Français détiennent près de 1800 milliards d’euros investis en assurance vie. Les contrats d’assurance vie multisupport permettent de diversifier son patrimoine entre des fonds euro (à capital garanti) et des placements plus dynamiques en unité de compte. On peut ainsi investir dans des fonds d’investissement ou bien dans l’immobilier pierre-papier. L’assurance vie bénéficie également d’une fiscalité attractive. Les versements sur l’assurance vie ne sont pas plafonnés.
En conclusion, l’entrepreneur avisée aura intérêt à anticiper en amont le patrimoine personnel dont il a besoin en complément de son salaire pour financer son mode de vie. Une fois ses besoins correctement évalués, la mise en place d’une holding sera un outil très intéressant pour optimiser la fiscalité de ses placements et annihiler presque complètement la taxation au moment de la cession de son entreprise. Structurer son patrimoine est un travail complexe, cela est d’autant plus vrai pour les entrepreneurs.
Il est conseillé de s’orienter vers un conseiller en gestion de patrimoine ou un fiscaliste pour optimiser la gestion de son patrimoine.